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28 février 2010

Haïti la fière

Haïti la fière
On t'a punie de ta fierté
On t'a saignée à blanc
On t'a laissé patauger
dans la dette et le chaos

Haïti la pauvre
La faim gonfle le ventre
la soif sèche la peau

Haïti sans cesse
violée par la nature
Aujourd'hui tout ton corps tremble
Et le coeur du monde
indifférent et profiteur
s'attendrit sur tes morts

On cherche la vie sous tes décombres
On pense enfin à tes enfants
Dons sincères des humbles
Attentions calculées des puissants

Des rebâtisseurs rôdent
pour panser tes plaies béantes
avec des sparadraps juteux

Haïti la fière
Horizon terrible
de ton espérance

Guy Chaty
Revue Intuitions n°12, janvier 2010




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25 février 2010

Les nanos c'est du nanan

« Finalement, ce sont les mêmes. Hier, ils imposaient le nucléaire sans consultation, sans même un vote à l'Assemblée, sans débat public. Aujourd'hui, ils font pareil avec les nanotechnologies. Aux commandes dans les deux cas, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique), maître d'ouvrage du tout récent Minatec, un des quatre grands pôles mondiaux des nanos, installés à Grenoble. Mais les temps ont changé : il faut donner à ce coup de force technologique l'apparence d'un choix librement consenti par le populo et surtout éviter le syndrome OMG : le blocage par l'opinion publique de ce qui est présenté comme la grande révolution révolutionnaire du siècle.
Alors ils ont organisé un débat bidon, aussi bidon que l'a été le Grand Débat National sur l'Identité DE Besson. Le hic, c'est que des trublions sont venus saboter ce débat pseudo-démocratique...l'historienne des sciences Bernadette Bersaude-Vincent (le monde.fr)...constatant le "grand ratage" du débat, "conçu ni par les citoyens ni pour eux", renvoie dos à dos pro- et anti-nanos. Relevant la "discordance flagrante" entre le questionnement politique des citoyens (qui oriente les recherches ? qui les paie ? pourquoi faire ?), et le discours "délibérément rassurant" des technocrates, elle montre en exemple le Nanoforum du Conservatoire national des arts et métiers et les colloques par l'association Vivagora...

Jean-Luc Porquet
Le Canard enchaîné, 24 février 2010







Rappel. A mi-parcours, le débat public sur les nanotechnologies s'enlise dans des rencontres d'experts partisans et peine à aborder les enjeux globaux, les risques et les finalités des « nanotechs » avec les citoyens. Très critiques sur l'organisation du débat, les Amis de la Terre ont décidé d'y participer pour faire connaître leur opposition au développement des nanotechnologies et faire entendre leur demande de moratoire. Cependant, les conditions d'un débat public n'étant plus réunies, les Amis de la Terre ne participeront plus à ces réunions qui n'ont plus de « publiques » que le nom.

Les Amis de la Terre
www.amisdelaterre.org, 13 janvier 2010.







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21 février 2010

Loto sur le revenu

A Jacques S.




Devant le succès des loteries nationales, loto et autre loto, les pouvoirs publics décidèrent de proposer à chaque contribuable une possibilité de gain par l'impôt sur le revenu. Tout citoyen fut invité à inscrire sur sa feuille de déclaration annuelle un numéro de dix chiffres suivi de trois lettres. Ces numéros devaient faire l'objet d'un tirage le lendemain de la date limite de dépôt des déclarations, et la gamme des lots s'étendrait de la remise partielle des impôts à la remise totale, celle-ci complétée éventuellement par le gain d'une somme importante.

Cette initiative changea radicalement l'attitude des citoyens vis-à-vis de l'impôt direct.
Première conséquence : il n'y eut plus de retard dans la remise des feuilles de déclaration. Evidemment, ceci supprima le bénéfice pour l'État des dix pour cent prélevés jusque maintenant sur les retardataires, mais cet argent, prévu et déjà dépensé, fut récupéré aisément grâce à une augmentation globale des impôts, qui permit également de fournir les lots, gros et petits, y compris les remises d'impôts.
Deuxième conséquence : les citoyens ne se plaignirent plus de cette ponction régulière qu'est l'impôt toujours revenu. Au contraire, ils attendirent avec impatience le jour du tirage. Les semaines précédant cet évènement étaient marquées par une fièvre inhabituelle dans les foyers et les lieux publics : on en parlait autant que du dernier match de foot. Les gens ne se plaignirent pas non plus de l'augmentation brutale des impôts, car on leur avait expliqué que plus ils payaient, plus grandes étaient leur chance de gagner les gros lots.
Les fraudes se produisirent surtout dans un sens ignoré jusque là et qui peut choquer de prime abord le sens commun : certains déclaraient beaucoup plus de revenus qu'ils n'en avaient en réalité. La répression fut légère pour ce type de fraudes : les sévices de contrôle préférèrent concentrer leurs forces sur les fraudeurs classiques qui s'entêtaient à ne pas jouer le jeu.

Les gagnants étaient prévenus un mois après le tirage, les médias les faisaient connaître au grand public. La remise des lots suivaient de près , au cours de manifestations grandioses où étaient conviées les vedettes du spectacle, de la politique et des sports.

Rares furent les personnes qui couraient vers les pays voisins pour échapper au fisc ; ce qui n'alla pas sans offusquer ces pays : on frôla même des incidents diplomatiques.

Quelques détails avaient échappé aux prometteurs de cette revalorisation de la collecte publique. Certains organismes continuaient à réclamer aux défavorisés, afin de leur verser des allocations de secours, des attestations d'exonération d'impôts, et les pauvres étaient partagés entre leur juste droit à ces ressources nécessaires et leur désir de participer au grand jeu national en gonflant leur revenu.
A l'autre extrémité de l'échelle sociale, les riches négligeaient tout ce qui concourait autrefois aux réductions d'impôts : placements, achats d'actions, emprunts,.Ce qui avait une fâcheuse influence sur l'économie nationale et était difficilement compensé par de nouvelles augmentations d'impôts.

L'expérience eut des résultats inattendus. Ainsi, l'adjonction de trois lettres au dix chiffres pour constituer le numéro de tirage, mesure originale en la matière, apparut comme étant une composante importante de la lutte contre l'analphabétisation. Par contre, on dut interdire le calcul des probabilités à l'école : de plus en plus de citoyens apprenaient par leurs enfants que leurs chances de gagner étaient faibles en face de la certitude de payer un imposant impôt sur le revenu.

On commence à murmurer dans certains couloirs qu'il serait sage de revenir à des lotos entièrement volontaires.

Guy Chaty
Contes cruels Editinter 1998




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19 février 2010

L'énergie des jeunes

Les jeunes ont beaucoup d'énergie à dépenser. Depuis qu'ils sont petits, ils gesticulent en tous sens, courent de ci de là, sautent, dansent, se battent et plus tard font l'amour d'une manière débridée.
Quel gâchis. Alors que nous cherchons par ailleurs à économiser de l'énergie par tous les moyens, à créer de l'énergie non polluante, non nucléaire, à utiliser le soleil, le vent et bientôt la lune et les étoiles !
Il est temps de récupérer l'énergie juvénile qui se dissipe dans les airs. Inventons un branchement discret de fils sur cette jeunesse, lors de ses mouvements fébriles. Récupérons cette fougue en de vastes collecteurs, qui alimenteront de grands barrages pourvoyeurs d'impulsions nouvelles.

Guy Chaty
Contes cruels Editinter 1998





Même idée, mais réalisable et réalisée aujourd'hui sur un plan (très) local : dans un dancing, un plancher soumis aux multiples pressions des pieds des danseurs produit de l'électricité immédiatement utilisable. (Source : arte)

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5 février 2010

Où poser les pieds ?

Au début, on était gêné. On ne savait plus où poser les pieds. Maintenant, on s'habitue. Il y en a partout sur les trottoirs, dans le métro, des gens couchés par terre. On marche dessus.
Oh, on fait attention. Enfin moi, personnellement, je fais attention. Je me chausse légèrement et je regarde bien où je place mon pied. J'évite les parties sensibles. D'autres sont des brutes. Ils y vont carrément avec leurs grosses tatanes ou même leurs talons aiguilles !
Par ci par là, montent des plaintes et des cris. Heureusement, la plupart des piétons ont les oreilles bouchées : ils écoutent la musique, et ça crie plus fort dans l'appareil.
Certains couchés se révoltent et vont s'allonger dans la rue, sur la chaussée. En général les voitures s'arrêtent ; les automobilistes n'ont pas envie de salir leurs voitures. Ils remettent les couchés sur le trottoir, au besoin sur d'autres couchés, et remontent dans leur véhicule en pestant contre la société : ils ont perdu un temps précieux. Le 14 juillet, on enlève tous les couchés. Mais ils reviennent dès que la fête est finie.
Un curé s'est ému de la situation et a réussi à passer à la télévision pour expliquer que ça ne pouvait pas durer. Une mesure a aussitôt été prise : on va élargir les trottoirs pour accueillir davantage de couchés.


Guy Chaty
Décharge n°135



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déchets nucléaires
Que choisir n°477 janvier 2010