ma vie d'artiste

Guy

Je commence à écrire des poèmes vers 17 ans. Mon désir est de devenir écrivain. En 1955, dans le cadre des CEMEA, je fais mon premier stage de théâtre avec Miguel Demuynck (Théâtre de la Clairière : à destination essentiellement des enfants).

En 1954, je suis nommé instituteur à Drancy. J'y reste trois ans. J'apprends à enseigner.

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Parallèlement, je me remets aux études mathématiques à la faculté des sciences de Paris. En 1957, la naissance des IPES (Institut pédagogique de l'enseignement secondaire), où je suis détaché, me permet de mener à bien ces études jusqu'aux "licences" de mathématiques pures et mathématiques appliquées obtenues en 1959 (une réforme bouscula mon cursus et j'obtins plus de certificats d'études supérieures qu'il n'en fallait pour une seule licence). En 1959, lors de vacances de neige avec un groupe d'étudiants dans les Vosges, où il n'y avait de neige, je compose un texte humoristique sur cette absence, qui a du succès, et je le relis en public au retour à Paris.

En 1960, à l'issue de mon année de stage, qui m'a été imposée dans l'enseignement technique, je réussis le CAPET avec mention Très Bien ; mon inspecteur est Couffignal, un pionnier de la Cybernétique. Je suis nommé professeur certifié au lycée Diderot à Paris.

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Après mon service militaire (juillet 1961- février1963), je reprends des études supérieures et commence une recherche. Je me suis marié en 1962 et nous avons eu un garçon en 1965. Je soutiens une thèse de troisième cycle en 1966 mais je dois attendre 1968 pour entrer dans l'enseignement supérieur comme maître-assistant de mathématiques. Parallèlement à mon service d'enseignement, je prépare une thèse d'Etat en mathématiques que je soutiens en 1971, avec une thèse complémentaire en informatique. En 1972 je deviens professeur d'informatique (on disait alors maître de conférences) à l'Université Paris Nord. Nous avons eu deux autres garçons en 1968 et 1971.
Pendant tout cette période je continue à écrire des textes. En 1973, j'en lis un devant un public populaire, au cours de vacances que je passe à Tourisme et Travail, Montalivet, avec ma femme et mes enfants, lors d'une soirée cabaret. Il a beaucoup de succès. C'est un texte humoristique que j'avais écrit sur place à partir des vocabulaires croisés de la voiture et de la religion ("L'évêque et la voiture", in Un lièvre explosa, EDSGP 1982 ; repris dans Contes cruels, Editinter 1998).

Je montre mes poèmes en 1974 à Gérard Pérez, directeur du théâtre de l'Eccyclème de Reims, où habite mon frère. Il en prend quelques-uns pour un de ces spectacles en tournée. L'idée me vient alors que je pourrais moi-même les jouer.

En 1976, je contacte l'association culturelle "Ecoute" de Maisons-Alfort où j'habite, qui édite une revue et anime une troupe de théâtre (responsable : Jacqueline Mériot). Je me mets à y publier régulièrement des textes, jusqu'à la fin de la revue. Le metteur en scène de la troupe, Marc-Michel Georges nous met en scène, ma femme et moi, pour un spectacle qui est donné en 1977 au Mille-Club de Maisons-Alfort (sorte de petite maison en structure légère destinée aux associations pour leurs manifestations). Guy Je deviens membre de la SACEM à cette occasion. En 1976, je suis élu chef du département informatique de l'IUT de Villetaneuse. Je serai réélu en 1979 pour trois nouvelles années. Au cours d'un stage de guitare que je fais à Banon en été 1977, je dis quelques textes dont "Anatole et son chat" ; pour un spectateur, ce texte lui évoque Henri Michaux. Je relis ce poète et je m'aperçois qu'effectivement je me sens des affinités avec cet auteur : à cause de cette difficulté qu'ont ses personnages à être et à vivre dans ce monde et pour le style que Michaux utilise, à la fois subtil et faussement naïf. Depuis j'ai fait vivre Anatole dans de nombreux textes finalement rassemblés dans Anatole et son chat, Editions IHV, 1998, puis dans une édition bilingue franco-allemande publiée par Editinter, 2004 ; le traducteur est Werner Rossade, dont je parlerai plus loin.

Je participe à deux ateliers stages au Théâtre de l'Est Parisien (TEP) en 1978 et 1979. Le premier de ces ateliers est destiné aux enseignants, responsables culturels et comédiens amateurs leur permettant, à travers des techniques de comédiens et un travail sur la voix, le geste, le son, le silence, le masque, une plus grande découverte de soi et des autres. Le deuxième est un prolongement du premier pour une recherche commune. Ces stages ont aussi pour objectif la rencontre du public et des comédiens. Ils entrent dans la politique générale du théâtre dirigé par Guy Rétoré, implanté dans un quartier populaire et désireux de lier des contacts étroits avec ce public, au théâtre et sur les lieux professionnels. En juin 1978, nous avons la possibilité, ma femme et moi, de produire un spectacle, Si nous ne savons pas d'où nous venons, où allons-nous ! construit à partir de mes textes. Nous sommes guidés par les conseils de Claude Evrard et Jean Signé, comédiens du TEP ayant animé les stages.
En août 1978, nous avons l'opportunité de donner ce spectacle dans le cadre du festival de Sarlat, grâce à un ami qui, jouant dans la ville un spectacle "mobile" avec sa troupe, libère le Café-théâtre prévu sur une place de Sarlat : la cour des Passages Pavés. Nous donnons plusieurs représentations avec de vraies entrées et recettes, et un compte-rendu dans lee journal Sud-Ouest. Guy Des spectateurs viennent nous parler à la fin de chaque spectacle ; je me souviens en particulier d'un monsieur ému qui m'a demandé de lui envoyer le texte Excusez-moi d'être vieux (paru dans Ecoute puis plus tard dans Des Mots pour le rire, Editinter 2000) . Des lycéens du lycée de Pontoise nous contactent pour que nous jouions le spectacle dans leur lycée dans le cadre des 10% d'activités libres auxquels ils avaient droit. Ce que nous faisons en octobre.

Guy Cambreleng, directeur de la troupe du théâtre de Fortune, nous a demandé lors de notre passage au TEP de venir jouer dans une salle dont il peut disposer : "Galerie l'Ouvertür", 21 rue de l'Ouest Paris 14ème. Ce que nous faisons deux fois en janvier 1979. Cette salle est alors le lieu d'activités culturelles diverses,annoncées par "Libé" (Journal Libération) de l'époque dans la rubrique Cherry qu'est-ce qu'on fait ce soir?. Cette galerie a disparu avec la transformation du quartier Montparnasse. Nous redonnons ce spectacle,"amélioré", au TEP en juin 1979 puis à Maisons-Alfort en novembre 1979. C'est l'époque où ma femme et moi nous nous séparons. En 1980, j'interviens deux fois seul au cours d'un spectacle du théâtre de Fortune : je joue un texte de Michaux : Plume au restaurant , puis mon texte L'an 2000. Pour ce dernier, j'utilise deux chaises ; je commence un jeu muet d'un personnage en proie à des manipulations difficiles de ces objets qui symbolisent les problèmes de la vie et poursuis en plaçant le texte sur cette gestuelle (texte paru dans Un lièvre explosa, EDSGP 1982, puis dans Contes cruels, Editinter 1998). Je redonne Les chaises et l'an 2000 en plein air devant le vaste public de "l'Espace du Possible" à Meschers près de Royan (communauté de vacanciers créée à partir des idées de 68, où les individus venaient essayer d'inventer et de vivre des rapports différents entre eux ; c'était aussi un terrain d'expérimentation des nouvelles thérapies corporelles et la découverte des religions hindoues et indiennes). Dans cet espace, chacun pouvait proposer d'animer des activités : j'en profite pour initier un groupe aux jeux théâtraux, en collaboration avec Nicole Melin. Je joue aussi dans un roman-photo tourné sur place. En 1982, à l'Espace, je joue "Les deux mains" sans paroles. Cette année, je suis élu vice-président de l'université Paris-Nord, chargé plus spécialement des relations avec l'environnement régional, pour cinq ans. Guy

En 1983, je dis quelques textes au Café du Palais à Reims, à l'occasion de la journée de la poésie.

Je commence à donner un prolongement à Les chaises et l'an 2000 qui va devenir un montage intitulé Reposoir. Je le teste à l'Espace du possible en été 1983, à la fête de l'Espace-Temps (journal lié à l'Espace du Possible, dirigé par Lenny Tepper, diffusé par abonnement) puis le modifie avec les conseils de Jean Signé et de Dany Moreuil (chez qui je fais un stage de danse). Je le donne en première au Café du Palais à Reims, en mai 1984, puis pendant la saison 1984 au festival Off d'Avignon à la Casa d'Irène, enfin au Café-théâtre Le Cloître, à Paris, en octobre 1984. A Avignon, il y a des échos dans deux journaux : Vaucluse-Matin et Le Méridional, et deux radios où je suis invité, dont France-Culture. Autre succès : une collègue de l'université Paris-Nord découvre ma photo sur les murs de la ville d'Avignon. Pendant le festival d'Avignon, je rencontre dans le local de la CGT, Christian Gorelli qui m'invite à l'accompagner pour une lecture poétique au Camping de Tourisme et Travail, le 18 juillet en fin de matinée. Les vacanciers se déplacent et, satisfaits, m'achètent même des recueils. Je l'accompagne également pour une soirée au CEMEA le 20 juillet et participe à une nuit de la poésie au "Parc des Libertés" le 30 juillet (avec en particulier Jean Aron). Je dis quelques poèmes au marché de la poésie, en 1984, 1985, 1989, 1990, 1991, invité par Marie Albert-Birot. J'y tiens un stand en 1984 et vend des recueils.

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Je participe, en 1984, avec des poèmes affiches, en 1987, et 1988, en lisant ou jouant des textes, aux manifestations poétiques de la Maison de la Culture de Chaville, qui édite la revue Interventions à haute voix. Je tiens un stand en 1985, au "Festival Populaire de Poésie Nue" de Savigny-le-temple. En 1986, je m'installe avec ma compagne Jeanne Besnard à Maisons-Alfort. A la suite d'une proposition de Jacqueline Ollier, que connaît mon ami Roland Husson, Dany Moreuil, poète et chorégraphe sélectionne des textes que j'ai écrits sur le thème de l'eau et m'aide à monter un spectacle L'eau ô qui est joué en plein air à Nice, dans les jardins du rectorat, et au Théâtre des Déchargeurs à Paris. Des textes d'inspiration érotique sont dits par moi-même en voix off, ccompagnés d'une musique enregistrée de Pierre Sauvageot (Ces textes paraissent ensuite dans la revue Interspacedirigée par Jacqueline Ollier). Guy Cette dernière manifestation fait partie des spectacles que j'ai organisés au Théâtre des Déchargeurs, en 1986, en obtenant la participation de Marianne Auricoste, Vicky Messica, directeur du Théâtre, et Dany Moreuil, sur le thème "Dire la poésie aujourd'hui". Pour une autre manifestation sur le même thème et dans le même théâtre, j'invite, en 1987, Christian Gorelli et ses amis Bernard Gueit et Francis Combes (écrivain et conseiller général communiste du Val d'Oise) qui posent la question : "Qui voudrait encore changer la vie ?". A l'occasion de la présentation au CNAM, Paris, en 1987, du numéro de Poésie 1 consacré à "Images du Futur", monté par le groupe "Parole" de Christian Gorelli, je dis le texte Quand la ville s'étendra sur la terre....
Ce texte initialement paru dans la revue Intervention à Haute Voix, est repris dans Poésie 1 puis plus tard dans l'anthologie Les Poètes et la ville, au "cherche midi éditeur". Je suis invité au Mans en 1988 pour une soirée de ce groupe, où je dis des textes en alternance, puis le lendemain pour une grande fête populaire "interculturelle et sportive" à laquelle participe ce même groupe dans le cadre d'un spectacle franco-africain. J'y lis certains de mes textes, dont La nuit, les corps se vengent au rythme des bongos (paru dans Ecoute puis Parcours, Editinter 2002).Sorte de rap avant l'heure. En janvier 1989, après une présentation de mes écrits, je fais un petit spectacle poétique au Centre Culturel de Saint-Mandé. Francine Caron, que j'ai rencontrée à Paris, m'a fait connaître aux organisateurs par l'intermédiaire de Jean Mestas. En juin, je dis quelques poèmes à la Nuit des Poètes, de Savigny-le-Temple.

Je présente un petit spectacle sur mes textes au Café "La Rencontre", à Paris, en 1991. Là encore, ce spectacle a lieu dans le cadre d'un cycle que j'ai organisé en 1990-1991 : "les mardis de la poésie" auquel participèrent Claude Mikosky et Jacques Salzer. Le grand démographe, Nathan Keyfitz, entraîné par la chanteuse Ray Dedise, vient m'écouter un soir. Américain "libéral" (au sens américain), il me dira que jouer mes textes en prose qui dénoncent souvent les tares de notre société constitue à ses yeux une forme d'action politique.
En mars 1991, je réalise avec une Egyptienne, Mona (c'est pendant la guerre du golf) une émission sur Radio libertaire dont le thème est "Erotisme et Poésie". Des textes de L'eau ô sont passés sur l'antenne.
Je participe en octobre 1991 à la journée de la revue Résurrection, revue d'inspiration chrétienne dont l'histoire se mêle à celle de la Résistance française. J'y lis quelques textes. A cette date, je suis élu, à l'université Paris-Nord, président de la commission de spécialistes d'informatique. Je le resterai jusqu'à ma retraite de l'éducation nationale en 1997.

En juillet 1993, à l'Espace du possible, sous l'impulsion de Jacques Salzer, je participe au "Théâtre du débat" : à partir du théâtre improvisé, nous écrivons et jouons à plusieurs des scènes d'introduction à un débat public sur l'écologie. D'autre part, je dis plusieurs de mes textes, dont certains ont une couleur écologique, au cours d'une soirée-cabaret. Enfin, j'anime un atelier d'expression théâtrale de textes courts où je prépare une dizaine de personnes à jouer en public, à la suite de cet atelier de quelques jours, des textes qu'ils choisissent. Cet atelier aura lieu tous les ans jusqu'en 2001. (voir les auteurs des textes mis en scène dans la page "mise en scène" de la rubrique "théâtre"). Je découvre qu'en plus de promouvoir des textes, cet atelier révèle parfois des personnes à elles-mêmes et développe leur assurance. Je reçois plusieurs lettres de remerciements. Je relate cette expérience dans un article et je recherche un éditeur pour le publier, par une petite annonce dans la revue du nord Rétroviseur. Robert Dadillon, directeur de la revue Poésie première me contacte et fait paraître cet article dans le n°14 sous le titre La poésie se donne en spectacle.
En automne 1993, en lisant quelques-uns de mes textes, je joue "le poète du dimanche" avec la troupe d'Oscar Castro dans un loft du boulevard Saint-Michel.
En 1995, Ray Dedise me fait rencontrer son accompagnateur au piano, le célèbre Jean Schoubert (eh oui, c'est son nom) qui fut le pianiste de Fernand Raynaud. Nous montons alors "La bagnole, délices et des vices" que nous interpréterons de nombreuses fois (voir dans ce site : théâtre, spectacles et lectures). Par la suite, je poursuivrai mon compagnonnage avec Jean Schoubert en de multiples occasions, en particulier pour des prestations avec sa femme Colette Avril, chanteuse, et Christian Archambeaud, chanteur (voir théâtre, autres activités).

Au cours de cette histoire, plusieurs de mes textes sont utilisés par d'autres dans des lectures ou des spectacles. En particulier :
- par le théâtre de l'Eccyclème, Reims, 1974-1975
- à la Tanière, Paris 1978 (avec les auteurs d'Ecoute)
- par Françoise Jacquet pour un spectacle pour enfants, 1978
- par la troupe Ecoute (avec les auteurs Anouilh, Bisserier, Mériot,…) en 1983
- par Jean L'Anselme, pour une lecture au centre poétique de la Madeleine en 1984 de Poisson et poulet (paru dans J'ai laissé mourir le soir, EDSGP 1979, repris dans Contes cruels, il figure dans l'anthologie de Jean Orizet L'Humour des Poètes). C'est grâce à cette lecture dont j'ai connaissance par la suite, que je peux rencontrer Jean l'Anselme, poète qui refuse l'hermétisme en poésie. Il s'occupe alors de la diffusion des poètes français dans les centres culturels français à l'étranger, et je lui envoie mes textes.
- par Jean Signé qui me commande des textes sur le vélo pour le spectacle qu'il monte en 1981: Quel engin, quelle machine. Il prend deux de mes textes.
- par la radio belge Flémalle en 1983.
- par la revue belge Aménophis qui monte plusieurs spectacles à Bruxelles en 1984 et 1985.
- par l'atelier théâtral de Catherine Dasté pour une représentation publique au Théâtre des Quartiers d'Ivry en 1987.

L'IMPORTANCE DE L'ORAL ET DU THEATRE
Pierre Seghers m'écrit le 9.12.1984 : ...Je découvre dans vos poèmes ce sens de la parole immédiate et cet "humour triste" cher à Supervielle qui sont bien la marque de l'authenticité en poésie. Je comprends cet itinéraire qui chez vous passe par la rencontre d'un public et salue la générosité de cette "vive voix" qui vous conduit vers lui. Pour faire connaître mes textes, je commence effectivement par les lire ou les donner à jouer, puis à les jouer. Ainsi, je retrouve le théâtre. Je détaille par ailleurs la liste de mes spectacles et de mes lectures (théâtre).
Parmi mes expériences principales de théâtre sont à signaler mes rencontres, en 1974, avec Gérard Pérez, directeur du théâtre de l'Eccyclème à Reims ; en 1976, avec Marc-Michel Georges, metteur en scène à Maisons-Alfort,(que je retrouve en 2007 dans "l'amour d'écrire en direct", voir Lectures); en 1978, avec des acteurs du TEP (Bernard Avron, Claude Evrard, Jean Signé, Pierre Trapet) ; en 1982, avec Oscar Castro, réfugié chilien, directeur du théâtre Aleph à Ivry. J'ai déjà évoqué les trois premières ci-dessus. Je raconte la dernière dans le livre d'Oscar Castro : Trilogie théâtrale, Les Editions de l'’Amandier / Théâtre, 2004. Le travail artistique d'Oscar Castro et le mien, figurent comme exemples de cultures "marginales" dans l'article de Werner Rossade, sociologue allemand : Kommunale Kulturarbeit in Frankreich und Deutschland.



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